
Planification
Une bonne planification est indispensable à la mise en œuvre efficace de surfaces favorisant la biodiversité locale. Elle permet d’exploiter les synergies et parfois d'obtenir des subventions. Si par exemple des travaux de protection contre les crues sont prévus sur les ruisseaux en zone urbaine, ils peuvent généralement être conjugués à une mise en valeur écologique à moindre coûts. Il en va de même pour les nouveaux bâtiments situés sur les espaces appartenant à la commune (établissements scolaires, etc.).
Un concept global pour les projets de revalorisation ou un plan directeur sur la biodiversité dans la commune peuvent s’avérer utiles dans ce contexte. Les conditions-cadres y sont définies de manière générale et peuvent être affinées en permanence. Vous trouverez ci-après des conseils pratiques et quelques exemples.
Une bonne planification .
Exploiter efficacement les potentiels!
S’il existe une surface adaptée dans la commune, il est souvent possible de procéder intelligemment à une revalorisation écologique nécessitant peu de planification et un effort administratif minimal.
Les surfaces résiduelles, îlots routiers, plates-bandes, terrains en friche ou couverts de pelouse, etc. offrent de nombreuses possibilités. Même les petites surfaces sont importantes, car elles peuvent servir à la mise en réseau.
Sur ce type de zones, un schéma de principe et l’accord de la commune suffisent pour diversifier les milieux en peu de temps et avec un budget minime: la plantation d’un arbre local ou de plantes vivaces, l’installation d’un tas de branches ou une prairie riche en espèces variées, etc. réduisent les coûts à long terme, car les travaux d’entretien comme la tonte régulière ne sont plus nécessaires.
Instruments de planification
S’ils sont intégrés à la planification communale, les projets peuvent être implantés à plus long terme. De plus, les projets fondés sur des dispositions légales offrent de bons points de référence pour de futures revalorisations. Cela peut donc valoir la peine de s’engager dans un processus peut-être plus complexe, mais plus durable et d'intégrer des mesures de planification au niveau communal. Par exemple, l’élaboration ou l’adaptation des instruments suivants peut être utile:
Révision des ordonnances sur les constructions et les zones
- Plans d’aménagement et plans directeurs communaux
- Concepts de développement territorial et d’espaces libres
- Gestion des demandes de permis de construire et élaboration de critères de biodiversité des appels à projets communaux
- Conditions dans les contrats de bail portant sur le terrain de la commune
- Définition des objectifs de la législature du conseil communal
Il est judicieux d’intégrer des surfaces de conservation volontaires des communes dans une perspective de mise en réseau écologique à grande échelle. Pour ce faire, nous disposons par exemple des bases fédérales concernant l’infrastructure écologique ainsi que des inventaires et des jeux de données géoréférencées avec différents niveaux de détail. Vous trouverez plus de détails dans la rubrique Inventaires et systèmes d’information géographique.
Si les aménagements communaux pour la promotion de la biodiversité correspondent aux programmes d’encouragement nationaux ou cantonaux, il est souvent possible de demander des soutiens financiers.
Les bases de la revalorisation des surfaces communales sont présentées dans certaines communes sous la forme de concepts d’évolution du paysage (CEP). Ces directives communales s’appuient sur les plans directeurs et CEP cantonaux ou régionaux qui définissent des objectifs à grande échelle comme les corridors écologiques par exemple. Pour utiliser les CEP intelligemment et durablement, ceux-ci doivent être révisés périodiquement. Par ailleurs, les CEP n’ont pas un caractère obligatoire ou contraignant pour les autorités.
La planification prévisionnelle et les concepts à long terme se justifient sur le plan écologique et contribuent aussi à sécuriser un budget annuel pour promouvoir la biodiversité.
Fiches d’information et lien utiles
- Acclimatasion - rapport de capitalisation: mise en oeuvre d'instruments d'aménagement urbain pour promouvoir la biodiversité
- Guide Espaces verts et ouverts: pistes d’actions et aides pour la planification, l’aménagement et la gestion (Energie Suisse pour les communes, sur mandat de l’OFEV).
- Espaces verts naturels: fiche d’information de la «Boussole de durabilité»; offre une vision synthétique et des conseils généraux sur la réalisation d’espaces verts naturels
- Plan d’action Stratégie Biodiversité Suisse: base au niveau national sur la «mise en place d’une infrastructure écologique», avec notamment des informations sur «l’étoffement et la valorisation des zones protégées et leur mise en réseau»
Inventaires et systèmes d’information géographique
Où trouvait-on auparavant des zones riches en biodiversité? Où se situent actuellement les zones protégées ou celles qui présentent un grand potentiel? Où peut-on bien intégrer de nouveaux projets correspondants dans l’infrastructure écologique existante?
Les données géoréférencées aident à répondre à ces questions grâce à une vue d’ensemble détaillée avec différents niveaux de définition. Le géoportail de l’Office fédéral de l’environnement par exemple peut être utilisé dans ce but. Les systèmes d’information géographique (SIG) cantonaux et communaux proposent des jeux de données plus détaillés.
Les inventaires pertinents pour la promotion de la biodiversité (biens protégés communaux, inventaires de protection de la nature et du paysage) se trouvent généralement directement sur ces portails SIG. Il est souvent possible d’afficher en plus les plans directeurs et les plans d’affectation communaux et régionaux actuels. Le SIG permet aussi d’intégrer clairement la gestion publique des espaces verts, c’est-à-dire les plans d’entretien. La cartographie locale des biotopes d’espèces spécifiques figure également dans certains cas. Les populations d’espèces existantes peuvent ainsi être prises en compte et la probabilité que certaines espèces s’installent naturellement dans un lieu peut être évaluée.
Les anciens inventaires peuvent donner des informations sur la localisation d’anciennes surfaces précieuses qui pourraient être réactivées. Le cas échéant, de nouvelles surfaces de revalorisation peuvent être intégrées à la prochaine révision des inventaires et prises en compte dans les futures planifications. Bien évidemment, les surfaces peuvent être préservées durablement même sans inventaire de protection.
Fiches d’information et lien utiles
- Géoportail de la Confédération: le géoportail thématique de l’OFEV comprend des catalogues comme «Protection de la nature et du paysage» et «Forêt, flore, faune» et donne un aperçu des biotopes d’importance nationale et d’autres zones protégées.
- Projets de monitoring de la biodiversité: Liste de la SCNAT répertoriant divers projets
- Réseau écologique cantonal vaudois: traduction au niveau du canton de Vaud du réseau écologique national (REN)
Définition des objectifs et potentiels des surfaces
Une planification efficace nécessite de définir clairement les objectifs et les critères. L’état écologique envisagé des différentes surfaces protégées doit coïncider avec les concepts de biodiversité de niveau supérieur et ne présenter aucune contradiction avec les objectifs définis à grande échelle. Bien évidemment, une revalorisation n’a de sens que si le contexte local et les potentiels d’un site sont pris en compte.
La réalisation des objectifs doit être évaluée régulièrement et documentée. Cela permet de tirer des enseignements et d’optimiser et de légitimer de futures revalorisations. La gestion à long terme s’en trouve ainsi améliorée.
Points importants pour la définition des objectifs
Voici quelques points qui peuvent être pertinents pour définir les objectifs d’une revalorisation:
- Objectifs de protection ou de sensibilisation. Quelle est la priorité?
- Quels aspects doivent être mis en avant concernant les espèces:
Présence actuelle, probabilité de colonisation, compatibilité avec la biocénose existante/concurrence, statut de menace et priorité de financement. - Quels sont les besoins de mise en réseau:
Besoin prioritaire local? Exigences concernant les surfaces prévues? Dimensions, obstacles/séparations (rue)? - Y a-t-il des objectifs existants:
Efforts de protection déjà existants dans la région? Objectifs/recommandations/concepts dans la zone concernée? Dispositions en matière d’aménagement du territoire? - Définir les objectifs en termes de caractéristiques et de qualité de la surface:
Ensoleillement et orientation de la surface: les pentes exposées au sud sont souvent favorables, voire nécessaires, à la biodiversité. Humidité, teneur en nutriments, exploitation des environs, ombrage, perturbations: utilisation/visite de la surface. Clarifier les questions suivantes: utilisation ancienne ou actuelle, plantation et urbanisation, risques et obstacles, par ex. sous forme de routes importantes ou de pollutions des sols, etc. - Intégration pertinente dans les concepts de biodiversité et les efforts de mise en réseau à grande échelle
- Budget disponible et aspects juridiques:
risques liés aux plans d’eau, ombrage/chute de feuilles dus à la végétation, conservation des monuments (et jardins) historiques, etc.
Calendrier
Nous recommandons de commencer suffisamment tôt le plan de réalisation d’un espace vert naturel. Certains habitats et petites structures doivent être installés à certaines périodes pour bien prospérer alors que la faune ne doit pas être inutilement dérangée pendant la période de reproduction ou de nidification. Il faut notamment éviter le défrichage et l’élagage des arbustes au moment de la nidification. Par ailleurs, certaines structures (eaux temporaires, murets de pierres sèches, modifications du terrain) peuvent nécessiter des permis de construire, d’où un allongement des délais. Les adaptations nécessaires de la composition du sol (à cause de résidus toxiques, de modifications du terrain, des exigences des espèces cibles, etc.) peuvent aussi entraîner des délais importants.
Exemple d’un champ de fleurs sauvages
Un champ de fleurs sauvages doit être ensemencé entre mi-avril et mi-juin. Le sol doit être préparé au plus tard quatre semaines avant. Il faut aussi prévoir du temps pour évaluer l’emplacement et obtenir le mélange de graines adapté. Ajoutons à cela qu’il faut en général attendre l’année suivant les semis pour que les champs de fleurs prospèrent. Ce calendrier doit être pris en compte dans l’éventualité d’une inauguration ou de séances photo, etc., et nécessite le cas échéant de communiquer pour expliquer pourquoi la zone est en jachère dans un premier temps.
- L’entretien de prairies naturelless et d’autres structures doit être planifié intelligemment pour préserver leur état naturel. Les plans d’entretien sont indispensables
Acteurs et compétences
Lorsque l’on prépare un projet de revalorisation, il est conseillé d’informer et/ou d’impliquer le plus tôt possible tous les acteurs concernés dans la commune. La clarification des compétences pour garantir un entretien durable et naturel est essentielle.
Les avantages d’une communication précoce:
- Les processus sont clairs et les imprévus deviennent maîtrisables.
- Les services de voirie ont le temps de passer à des méthodes respectueuses de la nature. Celles-ci nécessitent souvent moins de travail que l’entretien conventionnel, mais demandent cependant un certain savoir-faire. Des formations peuvent même s’avérer nécessaires. Différentes institutions en proposent (voir Cours et journées d’information).
- Il est possible dès le début d’impliquer d’autres autorités ou de demander des autorisations (par ex. pour la conservation de jardins historiques). Y a-t-il d’autres utilisations ou planifications? Les informations sur la surface sont-elles consultables dans le SIG cantonal ou communal? Cadastre des conduites? Sites contaminés?
- La population est informée dès le début. Elle soutient généralement les initiatives et offre ainsi un appui aux projets de revalorisation.
- L’échange avec les associations locales de protection de la nature est très important pour que les projets prévus ne soient pas en concurrence, surtout s’il s’agit de protéger certaines espèces. Ces associations possèdent généralement une grande expertise et peuvent enrichir un projet.
Une commune peut également inciter ses habitants à prendre l’initiative et ainsi promouvoir la biodiversité sur les terrains privés. Les conseils gratuits pour revaloriser les espaces verts/jardins privés en sont un bon exemple.
Exemples d’acteurs externes
Impliquer des acteurs externes peut être pertinent et alléger la charge de travail. Comment exploiter les synergies:
- Une entreprise d’horticulture entretient une surface centrale de promotion de la biodiversité et peut ainsi augmenter sa visibilité auprès de clients potentiels.
- Les écoles participent à des projets pour sensibiliser le public à la biodiversité dans la commune. Les surfaces concernées s’intègrent au programme des cours et les concierges peuvent éventuellement se charger de l’entretien des structures. (Espace naturel École (en allemand))
- Les bureaux d’études environnementales, les entreprises d’horticulture naturelle, mais aussi les associations locales de protection de la nature peuvent assurer des missions de conseil pour garantir la valeur ajoutée écologique d’une surface.
- Les particuliers peuvent compléter sur leur terrain la revalorisation des surfaces publiques.
- Les agriculteurs peuvent par exemple assurer l’entretien des surfaces selon des règles précisées dans les contrats de bail.
Substrat, matériaux de construction, plantes et semences
Différents matériaux de structuration de la surface sont souvent utilisés pour la réalisation de zones naturelles destinées à promouvoir la biodiversité locale. Des pierres, du bois ou du gravier par exemple constituent la base des murs en pierres sèches, des niches pierreuses, des structures en bois mort ou des surfaces rudérales. Gérez la ressource sol avec circonspection, choisissez consciencieusement les matériaux de construction et prenez en compte les points suivants:
Conseils et lien utiles
Pour le substrat/sol:
- Quel est l’état du sol et convient-il aux espèces cibles?
Certaines espèces requièrent un substrat spécifique. Cela doit être pris en considération lors de la planification. - Il est judicieux de tenir compte des sols existants. En effet, ils sont souvent typiques du lieu et ont également leur légitimité et leur valeur. La formation de sols profonds peut prendre des siècles.
- L’éventuel déblai peut-il être réutilisé sur place? Peut-être pour d’autres structures de protection?
- Il n’est pas forcément nécessaire de prélever de la terre pour la remplacer par du gravier dans les prairies riches en espèces. L’amaigrissement continu du sol prend du temps et les résultats ne sont vraiment visibles qu’après quelques années. C’est toutefois une méthode douce de revalorisation sans modification du terrain ni intervention dans la structure du sol.
- En plus des exigences des espèces cibles et des habitats, d’autres motifs justifient d’adapter le sol. Les modifications du terrain ou les résidus toxiques jouent un rôle important. Les sites contaminés en particulier peuvent avoir un impact important sur la planification du budget et du calendrier.
- Gestion des sols (en allemand): la fiche d’information des services environnementaux de Suisse centrale rassemble d’importantes réflexions sur l’utilisation du sol.
Pour les matériaux de construction:
- Pollution – mes matériaux sont-ils bruts ou exempts de polluants?
- Les pierres et les briques (par ex. pour les hôtels à abeilles sauvages), mais aussi le bois de construction sont souvent traités avec des fongicides et des herbicides et ne conviennent donc pas pour promouvoir la biodiversité. Outre les champignons, mousses ou lichens, les insectes évitent souvent de coloniser ces matériaux.
- Provenance – d’où viennent mes matériaux?
- Si possible, il est judicieux de recourir à des matériaux de la région. Les animaux locaux évitent souvent les matériaux exotiques comme sources de nourriture.
- Contamination – est-ce que j’introduis des organismes indésirables dans le milieu?
En particulier pour les matériaux provenant de sources externes comme le gravier, etc. il faut veiller à ce qu’aucune plante invasive ne puisse venir supplanter les plantes locales. Il est impératif de communiquer clairement avec le fournisseur.
Pour les plantes et les semences:
- Provenance – les plantes sont-elles locales?
La provenance est particulièrement importante, aussi bien pour les plants que pour les semences. Pour que les petits animaux locaux s’installent, ils ont besoin d’une nourriture adaptée. Les plantes et espèces exotiques et allochtones sont sans intérêt pour de nombreux animaux locaux, notamment les insectes et leur progéniture, car elles ne peuvent pas être consommées.
Les plantes et graines locales sont d’autant plus importantes pour favoriser la biodiversité. Même les plantes locales présentent selon les régions des caractéristiques génétiques différentes au sein de la même espèce, car elles se sont adaptées aux conditions locales au fil des décennies. La diversité des espèces de plantes locales est souvent la meilleure source de semences pour une végétalisation stable et adaptée au site. Il faut souvent recourir aux conseils des spécialistes locaux/régionaux de la protection de la nature pour trouver des semences locales, ou pratiquer la méthode de l'ensemencement direct (p. ex.: herbe à semences)- Regioflora.ch donne des informations recommandables sur les semences locales. Le site permet de trouver des prairies sources ainsi que des contacts régionaux susceptibles de prodiguer des conseils spécialisés.
- Autres fournisseurs de semences locales:
- Semences suisses de bonne qualité facilement disponibles dans toute la Suisse:
- Semences UFA: semences suisses de bonne qualité
- Adaptabilité – les plantes sont-elles choisies spécifiquement pour le site?
Toutes les plantes locales et utiles sur le plan écologique ne peuvent pas prospérer partout. Il faut aussi réfléchir aux espèces que l’on veut spécifiquement favoriser avec le projet. Le choix des plantes doit se faire en fonction de ces critères. Les nouvelles plantations ne doivent pas affecter les éventuelles plantes intéressantes déjà présentes.
- Conseils en plantation écologique en ligne
- Floretia.ch fait des suggestions de plantes pour pratiquement tous les lieux. Des fournisseurs locaux sont également suggérés pour les différentes plantes.
- Futureplanter.ch suggère aussi des plantes adaptées au lieu. Ici, l’accent est clairement mis sur la protection des espèces d’abeilles sauvages.
- Wildstauden.ch:le site de la pépinière Wildstauden permet de commander des plantes et propose des portraits détaillés des différentes espèces.
Visibilité
L’engagement d’une commune en faveur de la diversité constitue un exemple pour le secteur privé et les autres communes qui sont incités à faire de même. C’est pourquoi il est très important de communiquer sur les mesures de revalorisation en faveur de la faune et de la flore locales. La communication joue un rôle central dans la réalisation d’une oasis naturelle.
Prévoyez des actions de communication adaptées, dans l’idéal dès le début du projet: quand, comment et quelles informations sur le projet les groupes cibles concernés doivent-ils recevoir?
Vous trouverez plus d’informations dans la boîte à outils «Communication» .
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